on est au caféje lui pose encore une fois la
on est au café
je lui pose encore une fois la question : comment supporter que la fin arrivera et qu'elle rendra acides tous les beaux moments ?
encore une fois il me répond : c'est le problème de ta vie
le problème c'est que la vie me manque - les choses qu'on touche de la vie me manquent
l'effort et la colonne vertébrale puissante
les rencontres et les émotions du trac
le rugueux des voyages en bus et le mauvais chocolat
les dates importantes
nous sommes en danger car nous restons assis
pourtant tout le monde est obsédé par la santé - courbé au dessus de l'écran
à boire du jus fermenté
ils ont oublié comment tuer un cerf
la sensation des dents déchirant le muscle cru (gluten free)
cacher ses pieds et ses tétons
il va falloir continuer à vénérer mon corps en le traitant avec dureté
se rappeler l'enfant composé de nos anciennes cellules
nos cellules mortes éparpillées à la plage et dans le train
échardes et égratinures ; les traces d'une liberté sans entraves (presque)
les joues toujours rouges pas toujours couvertes de poudre couleur chair
je veux qu'on s'asseye en face de moi pour me chanter une chanson triste écrite en pensant à moi
je ne sais plus rien de votre amour
peut-être que je mourrai en 2018 ? je veux voir jouer mes petits-enfants
je veux tricoter à côté du feu
pour toi
peut-être que oui j'aurai déposé mes noeuds sur la table de la salle à manger
pour partir un peu plus loin dans cet endroit qui ressemble à ici
mais là on peut taper du pied et on ne sent pas le vide des étages sous nos corps gras
je cherche un moment dans lequel je pourrais me cacher - une demi-heure
je suis pétrifiée
je dois rester discrète
j'ai oublié pour qui
des années....
des années encore
s'il te plait empêche-moi